Jachères improvisations
2001
Qu’est-ce qui pousse ?
C’est petit, ce n’est pas une miniature. Ça ne cherche pas à être présent, c’est là. C’est pauvre, c’est sec, le corps vide de son eau s’allonge, tremble, tombe. La langue asséchée claque le palais, les dents, la gorge, racle les gencives et les joues. Ça ne crie pas, ça ne chante pas, ça semble parler et bouger, ça ne dit rien, pourtant ça vit.
Jachères improvisations est un spectacle qui questionne le réel en travaillant sur des notions de rapprochement et d’éloignement tant visuelles que sonores. Les partis pris qui en découlent ont amené à définir un dispositif scénique articulé autour de plusieurs points :
Nous sommes à environ douze mètres d’un cadre cinémascope noir derrière lequel apparaît un appartement meublé. L’espace entre public et décor est occupé par deux pôles de production de son. Au sol, au centre de l’espace est posé un matelas deux places, vacant. À l’avant scène, les danseurs viendront dire le texte de Christophe Tarkos.
L’improvisation, c’est ici l’expérimentation du matériau sonore et de son rendu dans le creux de l’oreille via des casques portés par chaque spectateur. C’est aussi la lente évolution des corps, du fond de la scène jusqu’à une extrême proximité avec le public, l’évolution des lumières qui jouent du visible et de l’invisible. Le spectateur est dans un état d’observation et de flottement qui ouvre le champ à diverses interprétations sans qu’aucune ne semble définitive (et ce qui pousse est imprévisible).