Air
2013
Air est une chorégraphie pour deux corps sonores dialoguant avec un quatuor de chanteurs. Le public se trouve entre les chanteurs et les danseurs, à l'endroit exact du dialogue, le rapprochant ainsi du rôle central du choryphée dans le théâtre grec.
Air traque toutes les vibrations de l'air à l'intérieur de cet espace respiratoire commun pour trouver une place unique du corps sonore qui ne soit pas un concert, pas un discours, pas du théâtre.
Une nouvelle charge organique qui le rapprocherait d'un opéra dont le livret serait mouvement sonore et le ballet structure narrative. Un mini opéra ou ”opéra de chambre” dont l'enjeu serait lié à ses origines donc à la question du sacrifice et de la transe qui l'accompagne.
Air est fortement inspiré par un film court de Jean Rouch Les tambours d'avant, où le cinéaste ethnologue venu filmer dans un village du Niger un rituel de possession qui tarde à venir, déclenche sa caméra pour un dernier plan-séquence. Les tambours s’arrêtent, il continue à filmer et là, devant le village rassemblé, une vieille femme enveloppée dans une couverture, commence une danse de possession. C'est le moment qu'il choisit pour débuter un travelling arrière et nous laisser imaginer cette danse. J'ai imaginé la danse de cette femme face à ce village rassemblé et l'enjeu qui la porte à cet instant, au-delà de son âge, à révéler quelque chose de fondamental avec son corps et sa voix.
Air cherche peut-être à savoir où se joue pour nous, aujourd'hui, cette transe engendrée par le regard des autres, et de quel ordre pourrait être son message.