Refuge
2018
La danse comme un refuge pour s’extraire du quotidien et s’abandonner à de nouvelles trajectoires qui définissent un autre rapport au monde, à soi.
Ici, ce sont deux hommes, manutentionnaires, qui créent un espace au milieu des cartons d’une plateforme de tri, et qui, se mettant à l’écoute de leur propre souffle et voix amplifiés, tentent de découvrir des mouvements inédits pour se libérer de leurs habitudes de travail. Ils sont seuls, mais une rumeur parvient jusqu’à eux et les encourage à insister dans leur parcours…
La connexion du souffle et du mouvement est à l’épreuve dans mon travail depuis 2005 et le solo Hauts Cris (miniature). Elle définit le corps comme un instrument respiratoire et sonore, modulable, jouant au même instant que le mouvement.
Pour Refuge, les deux danseurs vont créer progressivement une partition de corps musical, liée à leurs actions répétitives, pour tenter de sortir de « la chaîne ». Le filtrage du son permet d’agir sur la perception du mouvement, sa consistance, son énergie comme si le corps débordait ses propres contours. Ce n’est pas seulement l’espace environnant qui induit le mouvement des corps, mais également le son qui crée l’espace du mouvement.
Travailler sur l’accumulation de mouvements répétés, extraits de gestes simples pour tenter d’apporter des réponses aux questions qui me poursuivent : comment sortir d’un flux quotidien et d’une réalité pour accéder à autre chose ? Comment l’énergie d’un mouvement peut-elle se percevoir, se décliner ? Enfin, comment toucher le corps du spectateur pour qu’il soit embarqué dans cette traversée d’un temps partagé ? Faire expérience ensemble, autrement dit, prendre un risque qui permet l’engagement du spectateur.